Presse Havraise – Une nouvelle ère s’ouvre au Club Nautique Havrais

Presse Havraise – Une nouvelle ère s’ouvre au Club Nautique Havrais

Publié le 15/01/2014  romanekevin. Natation

Romane Lanaret et Kévin Lasserre représentent l’avenir du CNH qui rêve de dénicher le futur Duboscq

LE HAVRE (Seine-Maritime). Le Club Nautique Havrais vient de terminer sa première année sans lui. Lui, c’est évidemment Hugues Duboscq. Le médaillé olympique s’est retiré des bassins et la natation havraise a entamé « une nouvelle ère » selon l’entraîneur, Christos Paparrodopoulos. « 2013 a été difficile, avoue-t-il, du fait du départ de Duboscq après quinze ans où tout a tourné un peu autour de lui, c’est vrai. Mais l’année n’a pas été vide. Par exemple, nos deux jeunes espoirs, Romane Lanaret (13 ans) et Kévin Lasserre (15 ans), ont obtenu de bons résultats aux championnats de France. »
Ces deux jeunes nageurs représentent la nouvelle vitrine du club même si Paparrodopoulos préfère rester prudent et refuse de leur mettre une pression excessive : « Le but avec les jeunes aujourd’hui, c’est de construire à long terme. Il ne faut surtout pas tomber dans la pratique précoce et bien respecter les entraînements adaptés à chaque catégorie d’âge. Être médaillé à quinze ans n’a jamais assuré de l’être à dix-huit ou vingt ans. » Les résultats de ces deux espoirs viennent, tout de même, couronner les efforts du club en matière de formation. Kévin Lasserre a notamment battu, ces dernières semaines, plusieurs records dont celui des 15 ans sur le 200 m brasse qui appartenait à… Duboscq. La moisson de records et de médailles de ces deux jeunes devrait continuer ce week-end puisqu’ils partent à Genève participer aux internationaux de Suisse en tant que représentant de la sélection Ouest française. « C’est valorisant pour eux, explique Paparrodopoulos. Et dans la formation, il est important que les résultats soient au rendez-vous, ça permet d’entretenir la motivation même si tout n’est pas que question de performance. »
Dans un club aux moyens limités comme le CNH, la formation est une nécessité absolue même si Paparrodopoulos aimerait aller encore plus loin pour permettre à un plus grand nombre de pratiquer la natation : « On a des contraintes horaires qui font que plusieurs enfants ou adolescents ne peuvent découvrir nos activités. On est dans une réflexion importante avec la Ville pour dégager des créneaux plus adaptés à la réalité d’une pratique sportive efficace. » Le club havrais qui doit aussi faire preuve d’ingéniosité pour rivaliser avec d’autres centres de formation comme l’explique l’entraîneur : « L’ensemble du très haut niveau de la natation s’est délocalisé dans le sud avec des structures très organisées aux budgets conséquents. »
À côté de la formation, le club de la Porte Océane s’est mis en tête de développer l’accueil de nageurs étrangers. « On a créé en 2012, avant les JO de Londres, le centre de préparation francophone de la natation, rappelle l’entraîneur havrais. Cela a permis aux nageurs africains, notamment, d’appréhender les JO avec de bonnes conditions de préparation. »
Double projet pour les nageurs étrangers
Aujourd’hui cinq nageurs étrangers s’entraînent au Havre. Il y a bien sûr le Libanais Waël Koubrousli et le Sénégalais Abdoul Niane, les plus performants puisqu’ils ont remporté, entre autres, le championnat de France de N2. Mais le CNH peut aussi compter sur les bonnes performances en brasse du Roumain Andreï Iozu. Présent au Havre également, le Togolais Roger Amegbeto paie, lui, la mauvaise organisation de sa fédération qui a parfois tendance à envoyer en compétition internationale, des sportifs choisis par affinité plutôt que pour leur mérite. Ainsi, il aurait dû payer pour pouvoir représenter son pays aux derniers championnats du monde. Il a, évidemment, refusé. Pour la Sénégalaise Aïssatou Diop, les choses sont compliquées également mais en raison d’une formation professionnalisante chronophage qui l’empêche de s’entraîner comme il le faudrait.
Car tous ces nageurs venus d’ailleurs arrivent au Havre pour un double projet sportif et professionnel. C’est le rôle que s’est fixé Paparrodopoulos : améliorer l’image de la ville, travailler de concert avec l’université pour faire venir des compétiteurs étrangers qui profitent des formations supérieures dispensées en France tout en permettant au club de progresser et aux jeunes licenciés de côtoyer d’autres cultures.
Derrière cette volonté de rendre accessible le sport à tous, de développer une formation « à la havraise » et de renforcer l’attractivité de la ville, le CNH n’en oublie pas pour autant la compétition et prépare avec sérieux les deux grands rendez-vous du printemps à savoir les championnats de France de N2 (du 21 au 23 mars à Rennes) et les championnats nationaux en grand bassin (du 8 au 13 avril à Chartres). Avec l’espoir de rapporter, encore une fois, des médailles et de continuer à rêver à l’émergence d’un nouveau Duboscq.



Objectif : les JO de 2020

Le CNH et Christos Paparrodopoulos ont démontré leurs compétences dans l’enseignement et la pratique de la brasse de haut niveau. C’est une gageure qui n’a pas échappé à la Fédération Française de Natation. Celle-ci a créé un collectif intitulé « objectif 2020 » dirigé par six entraîneurs experts. Ce collectif a chargé l’entraîneur havrais de travailler au développement de la brasse. Dans ce cadre, le CNH va recevoir prochainement, et à intervalles réguliers, des nageurs venus de toute la France et qui effectueront un stage de préparation d’une semaine afin de bénéficier de l’expertise du club havrais sur cette nage.
L’objectif est de former une nouvelle génération prête à défendre les couleurs françaises aux JO de Tokyo en 2020 alors que la natation française s’attend à vivre des Olympiades de 2016 compliquées. Tokyo où Paparrodopoulos se verrait bien emmener un nageur havrais pour finir sa carrière en apothéose. Pourquoi pas Kévin Lasserre ?